Pourquoi peut-on être attiré par des personnes opposées à soi en amour et pourquoi ça peut être aussi un piège ?

L’âme soeur ou la personne parfaite est une croyance largement répandue. Cependant, cette croyance peut être un handicap dans sa recherche amoureuse mais également dans une relation car trop idéaliste.
Camille Rochet, psychothérapeute spécialiste du couple, nous décrypte ce qu’est ce mythe de La bonne personne et comment intégrer des croyances plus propices à une relation amoureuse sereine et durable.

Aujourd’hui, on a beaucoup de couples, ce qu’on appelle des couples mixtes, qui viennent de cultures différentes, qui se sont rencontrés à l’étranger par exemple, donc deux étrangers dans un troisième pays étranger. Moi, j’ai des couples qui parlent une langue qui n’est ni la langue maternelle de l’un ni la langue maternelle de l’autre. Avec tous nos voyages, tous nos déplacements, c’est de plus en plus fréquent et ça attire. La racine de ça, c’est de me dire que je ne suis pas juste l’enfant de mes parents. Je ne réponds pas juste à l’éducation que j’ai eue. Je ne continue pas à évoluer dans le milieu dans lequel mes parents m’ont fait évoluer. Donc c’est une façon en fait de s’individualiser, d’être autre que l’enfant de ses parents. C’est vraiment aussi une façon de s’affirmer en tant qu’adulte, affirmer sa personnalité. Le danger, c’est que quand il y a trop, qu’on est trop opposés, ce que je constate, c’est qu’il y a de nombreux quiproquos dans les couples.

On a l’impression que ce qu’on a dans notre culture, notre éducation, nos racines est tellement ancrée que pour nous, c’est une évidence. On ne s’est même jamais posé la question sur telle ou telle chose. Et quand mon conjoint arrive avec une culture, avec une éducation différente dont je n’ai pas une connaissance suffisamment fine, c’est là où on a des quiproquos. Parce qu’on a l’impression que l’autre fait exprès de ne pas me comprendre, alors que souvent il y a de réelles incompréhensions. J’ai observé parfois dans mon cabinet des conflits, et franchement je m’en arrachais les cheveux car il y a des choses que je ne comprenais même pas moi-même. C’est en allant dans la culture de l’autre, en allant bien creuser, qu’on se rend compte que ce sont tellement des évidences que plus personne ne les voit. Donc c’est en ça où ça peut être un peu dangereux parce qu’il peut y avoir un vrai problème de communication et qui n’est pas un manque de volonté. C’est vraiment en fait une méconnaissance de la réalité de l’autre.

Vous précisez qu’on peut quand même avoir des différences, mais il faut qu’il y ait un socle commun. De quoi il est constitué, ce socle ?

Le socle, ça va être notre ligne verticale qui nous emmène vers un idéal commun. En réalité, pour moi, le couple est sur un axe vertical et un axe horizontal. L’axe horizontal, ça va être le quotidien, ça va être les hobbies qu’on a ensemble, ça va être les petits plaisirs, là, on se retrouve. Un quotidien qui se passe bien. C’est ça notre axe vertical, là où on est bien, c’est paisible. C’est ce dans quoi on va se retrouver quoi qu’il arrive dans la vie, même si le quotidien est pas toujours agréable parce que c’est la réalité. L’axe vertical ne changera pas, donc ça va être des idéaux communs. Ça va être par exemple la religion. La religion est hyper importante. Si moi je suis pratiquant, si je suis très engagé, la question se pose de se mettre en couple avec quelqu’un qui ne l’est pas, même si on est hyper amoureux, même si le quotidien se passe bien. Quid de l’éducation des enfants ? Quid de notre avenir ? Quid de nos choix ? Une femme me disait « Moi, je prie plusieurs fois par jour. Ça commence à exaspérer mon conjoint quand il a prévu de partir : il doit attendre que je fasse ma prière dans ma chambre. » Donc voilà la religion, le nombre d’enfants, avoir des enfants ou pas etc..
Et renoncer à ça par amour, ça peut aussi créer des dettes et on peut en vouloir à l’autre. Avec le temps, ça peut être compliqué dans le couple, pour l’éducation aussi, si je suis très attaché à des traditions particulières.

L’autre peut vite m’exaspérer en ayant l’impression qu’il n’est pas bien éduqué ou qu’elle n’est pas bien éduquée. Ça va être compliqué ça aussi. S’il y en a un qui est à cheval sur la tenue à table et pas l’autre, on peut se dire que c’est anodin, mais en fait, dans le quotidien, ça peut être très compliqué. Pareil pour les idées politiques. Alors on peut aimer le conflit, le débat, mais dans une certaine mesure. Si il y en a un qui est vraiment très engagé, est ce que c’est vraiment possible de se mettre avec quelqu’un qui est engagé dans une autre direction ? Ce n’est pas évident. Donc vous voyez, on peut même être de cultures différentes, mais on a besoin de ce socle qui nous projette vers un avenir commun.

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