Pourquoi restons-nous en état d’hypnose infantile face à nos parents une fois adultes ?

Nous avons beau être adultes, beaucoup d’entre nous régressent face à leur parents dans leurs comportements et les anciennes blessures peuvent réapparaitre. Pourquoi cette forme d’amnésie? Et comment ne plus régresser face à ses parents une fois adulte?
Emmanuel Ballet de Coquereaumont, psychothérapeute, nous éclaire sur ces comportements et comment les transformer.

L’hypnose infantile est un des symptômes qui indique que la relation en fait d’ex enfant à ex parents à l’âge adulte n’est plus assez fonctionnelle. Ces transes, c’est le fait que finalement, sans même s’en rendre compte en tant qu’adulte, on est hypnotisé par un passé qui ne passe pas et donc en diverses situations ou face à certaines personnes, nos parents ou des figures parentales par exemple, on n’est plus tout à fait soi-même et on n’arrive pas à être soi-même. On vit une sorte d’hypnose, de transe. Alors ces transes sont multiples. Mais la transe la plus commune, c’est celle qu’on appelle la régression. Donc, c’est d’un seul coup, je ne suis plus ici et maintenant, à l’âge que j’ai ; je suis ailleurs, dans un autre temps, un autre espace, à un autre âge. Et ça, on le vit dans nos relations avec nos parents. On régresse très rapidement devant ses parents. Souvent, j’ai 50 ans, et puis, d’un seul coup, ma mère me dit « Oh, il fait froid, mon chéri, prends ton petit gilet. Oui, maman, oui. » Et la voix, parfois, est une voix de petit garçon ou de petite fille. C’est très impressionnant.

Il y a aussi la futurisation, c’est à dire le fait que l’on projette dans le futur, ce que l’on n’a pas réussi à résoudre dans ce passé. Donc on imagine des réponses ou des réparations souvent illusoires. Soit on imagine le pire, soit parfois on imagine un meilleur idéalisé, etc. C’est la futurisation.

Il y a aussi le monologue intérieur. C’est toujours intéressant. Je dis souvent à mes patients « qui parle en toi là ? »  Parce qu’en tant qu’individu, on a besoin de se sentir un. Donc on a l’impression que notre Je, il est unifié, il est monolithique, il est entier. La réalité, c’est que nous vivons en fait dans une certaine multiplicité psychique et que nous ne sommes pas un. Nous sommes multiples et il est toujours intéressant de savoir qui parle en nous. Et donc, le monologue intérieur, c’est lorsque, face à certains besoins, certaines émotions, certains désirs, une voix intérieure nous dit « Eh bien non, ce n’est pas possible ». Une voix nous ordonne ce que l’on devrait ressentir, penser ou faire. Souvent une voix qui est affiliée à nos figures parentales. Et ça, c’est aussi une transe assez courante qui monte quand on est encore, en tant qu’adulte, assujetti à des messages du passé qui ne nous permettent pas de ressentir ce que nous ressentons, de voir ce que nous voyons, de dire, ce que nous avons envie de dire, d’affirmer ce que nous avons envie d’affirmer, y compris et surtout devant nos parents. Nos parents sont censés être les personnes qui nous ont connu le plus tôt. Ils sont censés être les personnes les plus proches de nous.

Dans la relation, ça devrait être marqué par un respect de notre individualité Or, on constate que souvent ça n’est pas le cas et parfois c’est très violent.

Beaucoup de personnes que j’accompagne sont violentées par des paroles de leurs parents. J’ai l’exemple d’une femme de 50 ans que j’accompagne : elle a décidé de ne pas aller aux fêtes de Noël dans sa famille. Elle a décidé de rompre les ponts pour le moment, dans la relation avec ses parents. Parce qu’elle s’entend dire par son père que ce qu’elle ressent n’a aucun sens, qu’elle ferait mieux de se taire et d’obéir à ce qu’on lui dit. En fait on ne parlerait même pas à un enfant comme ça. Donc c’est assez impressionnant parfois, ces états de transe qui ne sont d’ailleurs pas uniquement du côté  de l’ex enfant, mais aussi du côté de l’ex parent qui d’un seul coup, sans même s’en rendre compte, adopte une posture tyrannique ou une posture de victimisation pour émouvoir son enfant. « Tu ne viens pas à Noël ? je comprends. Ce n’est pas grave, je serai seul. Tu sais combien j’ai mal en ce moment. » Des petites phrases tout à fait discrètes, mais qui sont insupportables dans le lien en fait, et qui ne sont pas respectueuses.

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