Comment surmonter la peur de l’échec dans l’entreprenariat?
Alexandre Dana est le fondateur de Live Mentor, institut de coaching d’entrepreneur. Dans son livre « Entreprendre et surtout être heureux »,
De nombreux profils névrotiques sont souvent pris pour des pervers narcissique et amoindrissent son réel pouvoir de nuisance.
Anne Clotilde Ziegler, psychothérapeute et spécialiste du sujet, nous livre les caractéristiques du pervers narcissique et avec quels profils il peut être confondu.
Ce qui est à mon sens extrêmement important, c’est de ne pas confondre la perversion narcissique avec un tas d’autres choses qui lui ressemblent. Le premier repérage de la perversion narcissique c’est Paul Récamier en 1986, c’est quand même très récent. Aujourd’hui c’est à la mode mais attention le danger c’est que dès que l’on croise « un emmerdeur » on le prenne pour un pervers narcissique. Du coup on va affaiblir le diagnostic. Il n’y en a pas tant que ça des pervers narcissiques, cependant quand il y en a un il fait beaucoup de dégâts autour de lui.
Qu’est-ce que ça n’est pas ? D’abord ce n’est pas parce qu’on a des petites manifestations PN dans sa vie courante qu’on est PN. Par exemple il nous arrive à tous de vouloir triompher de quelqu’un. Si nous sommes en pleine période électorale ; les discussions qui vont bon train et de temps en temps il y a des arguments ad-hominem comme on dit, qui attaquent l’intégrité de l’autre, au lieu de rester sur le plan de la discussion et qui sont tout à fait des œuvres de perversion dialectique mais qui n’ont rien à voir avec la perversion narcissique. Si c’est une fois de temps en temps et qu’en plus après la personne s’en rend compte et en conçoit de la honte ou de la culpabilité tout va bien. Il nous est tous arrivé de nous réjouir du malheur d’un autre. Quelqu’un qui vous a fait trois queues de poissons et qui finalement ne réussit pas à trouver une place sur le parking il arrive qu’on se dise « bien fait pour toi » ! Ce que fait le pervers narcissique en permanence dans ce cas-là c’est assez ponctuel. Et en général quand on en prend conscience on arrête. Et puis enfin il nous arrive à tous de mentir. Alors soit pour la bonne cause si par exemple je suis en 1940 et que la ministre française vient de demander si j’ai des Juifs dans le grenier et que je réponds non je mens. Mais on voit bien que là le mensonge est éthiquement recevable. Donc il y a des mensonges qui sont éthiquement recevables, il y a des mensonges qui servent à éviter de dire des choses qui nous font honte. Il y a des mensonges qui servent à prendre soin de l’autre : quand je vois mon ami Geneviève qui a vraiment une défaite parce qu’elle est fatiguée et qu’elle a pris un coup de vieux je vais éviter de lui dire « tu as mauvaise mine », c’est plus gentil.
Le but du pervers narcissique est de prendre le pouvoir sur l’autre
Le pervers narcissique, lui, il ment tout le temps. Donc déjà il y a des différences majeures en termes de fréquence : les gens normaux le font une fois de temps en temps, les pervers narcissiques le font tout le temps. En termes de conscience des choses : les gens normaux finissent par se sentir un peu honteux ou coupables d’avoir fait ça, le pervers narcissique jamais. Et en termes de but, quand je fais ça en tant que personne normale je vise un but précis, même si ce n’est pas souvent la bonne chose à faire. Quand je suis pervers narcissique mon but c’est de prendre le pouvoir sur l’autre de manière à l’asservir. On voit bien que ce n’est pas la même chose. Donc là ce sont des petites manifestations perverses de la vie courante. Il y a aussi le cas des proies qui arrivent en me disant : « si ça se trouve c’est moi qui suis perverse ». En général le fait même qu’elles se posent la question fait que probablement elles ne le sont pas. Et puis ensuite il faut bien voir que fréquenter au long terme un pervers narcissique amène pour se défendre à user des mêmes manœuvres que lui. Il ne s’agit pas là de perversité au sens propre il s’agit là de défenses, même les défenses peuvent être par moment authentiquement perverses, elles ne le sont pas structurellement.
Le pervers narcissique a des émotions « fake »
Le pervers narcissique a souvent une vie émotionnelle très haute en couleurs. Il alterne entre des moments d’euphorie où il est ivre de lui-même et des moments de dépression où il a subi un revers ou une humiliation. Et puis il est par moment froid comme un serpent dans les moments où il manipule. On finit par sentir le soubassement froid même si devant il montre les émotions adéquates pour manipuler. Donc là aussi c’est important de se repérer, cela demande un peu un peu de finesse mais en laissant agir son intuition on n’y arrive pas mal, même le grand public, il n’y a pas besoin d’être un professionnel.
Donc la première chose ce sont les émotions contre faites. Nous sommes nombreux à avoir appris de notre histoire, de nos familles que quand il y a un revers il vaut mieux être triste, et donc ce sont des gens qui sont tristes à répétition ou alors il vaut mieux se mettre en colère, ce sont des gens qui sont en colère à répétition, où il vaut mieux avoir peur donc des gens qui ont peur à répétition… Ce sont des gens qui montrent les émotions distordues. En analyse transactionnelle on appelle cela une émotion parasite car elle vient parasiter le vrai signal. De la même manière le pervers narcissique montre des émotions fake comme on dit aujourd’hui, qui sont fausses, qui sont contre faites. Il y a une différence majeure c’est que quand nous avons des émotions parasites dites normales en tout cas non perverses, nous les avons de bonne foi, nous croyons vraiment nous ressentons ça et en thérapie c’est tout un travail de descendre vers la conscience de l’émotion réelle. Et c’est comme un disque rayé, en général c’est à ça qu’on les repère les émotions parasites. On sait que Louise est toujours en colère, Mathieu est toujours triste et Paulette a toujours peur. Quand on connaît la personne elle est comme colorée par cette émotion. Le pervers narcissique lui, a tout à fait conscience de contre faire l’émotion. Il utilise toute la gamme des émotions et celles qui marchent. Il est donc capable de naviguer là-dedans comme un poisson dans l’eau. Je me souviens d’un couple de mes amis chez qui j’ai sonné pour demander quelque chose, il est venu m’ouvrir c’était lui le PN il est venu m’ouvrir charmant, ouvert, délicieux, un homme parfait. Et je l’ai aperçue elle dans la cuisine, les yeux rougis et tremblante, visiblement ils venaient de se disputer. Elle était incapable de contre faire ses émotions mais lui visiblement il avait pivoté d’émotions pour faire bonne figure en ouvrant. Et il n’avait pas sur lui de trace, en tout cas immédiatement perceptible, de stress.
Ne pas confondre avec un bipolaire
L’autre pathologie qu’on peut confondre avec la perversion narcissique c’est le trouble bipolaire. Ce sont des gens qui alternent des phases dites maniaques donc d’excitation euphorique mégalomaniaque, et des phases de dépression quelquefois gravissime comme la mélancolie. Et c’est vrai que c’est assez proche du tableau émotionnel qu’on peut observer chez le pervers narcissique, simplement parce que quand le pervers narcissique est ivre de lui-même, il est par moment quasiment dans des phases qui ressemblent à des phases maniaques. Et quand il a subi un revers, il flirte très fort avec quelque chose d’un sentiment dépressif. Donc il a effectivement une vie émotionnelle potentiellement bipolaire. Simplement dans la maladie bipolaire, entre deux crises la personne redevient normale et comme on dit en psychiatrie elle critique ses crises c’est-à-dire qu’elle aperçoit la normalité de son état émotionnel et de ce qu’elle a fait au cours de ces épisodes pathologiques. Le pervers narcissique : jamais. Il est entraîné par ses émotions et il ne se critique jamais. Et si on peut l’amener à apposer un œil critique sur lui-même, il se défend bec et ongles.
Une personne coupée de ses émotions n’est pas forcément PN
Le dernier trouble avec lequel on peut confondre la perversion narcissique c’est l’alexithymie. Les personnes alexythimiques ou analphabètes émotionnel sont des gens coupés de leurs émotions et qui n’ont pas conscience de leurs émotions. Ils peuvent apparaitre très froids et des gens qui ne se comprenant pas eux-mêmes sont incapables d’empathie avec les autres. Les alexithymique sont capables de faire des dégâts relationnels absolument considérables, le manque d’empathie cela fait de toute façon beaucoup de dégâts relationnels. Quand on remet l’alythimique de façon adroite en s’adressant à sa pensée qui est très investie, au bout d’un moment il est capable de voir qu’il y a une zone aveugle pour lui. En thérapie par exemple ce sont des gens qui progressent et qui finissent par rejoindre leurs émotions. Ils sont vraiment capables de s’en servir, de commencer à accepter d’être touchés et de commencer à comprendre ce qui se passe pour l’autre. Ce sont des gens de bonne volonté, difficiles à vivre, mais bonne volonté. Le pervers narcissique lui ne descendra jamais de sa froideur, puisque derrière la froideur il y a du vide. Un vide vécu par lui qui est terrible… Il ne peut pas descendre de ça.
Dissocier le paranoïaque du PN
Dernière pathologie avec laquelle il ne faut pas confondre la perversion narcissique c’est la pathologie paranoïaque. Il y a les paranoïaques décompensés donc ceux qui sont complètement délirants, ceux-là on les repère assez vite parce qu’ils racontent des choses invraisemblables type les voisins cherchent à m’empoisonner en envoyant des vapeurs mortelles à travers les conduits du gaz etc… On se rend vite compte que ce n’est pas cohérent. Et puis il y a la personnalité paranoïaque avant la décompensation : cela peut être des gens qui ne décompenseront jamais, et qui se caractérise par 4 traits qui sont assez proches des traits de la perversion narcissique c’est-à-dire la méfiance, la capacité à être proche, l’orgueil, la psychorigidité (l’énoncé de grands principes très clairs et très intangibles) et la fausseté du jugement (l’incapacité à percevoir la réalité dans son chatoiement nuancé et comme elle est). Ce qui va faire la différence en fait c’est la psychorigidité. C’est-à-dire que le paranoïaque est psychorigide pour lui-même et pour les autres. C’est complètement pathologique, c’est très fatigant à vivre. Ce sont des principes intangibles qui du coup deviennent stupides. La vraie éthique est souple et adhère au réel. Le pervers narcissique lui il est psychorigide comme ça l’arrange. Il va donner une version des choses à certains moments parce que ça l’arrange et puis la version diamétralement opposée à un autre moment parce que ça l’arrange et l’incohérence des deux ne le dérange pas. Le paranoïaque et le pervers narcissique ne sont pas sur la même émotion et sur la même crainte. Le paranoïaque est rempli de terreur, pas de la peur. Il craint qu’on lui veuille du mal, qu’on attente à ses jours, qu’on le fasse souffrir. Le pervers narcissique est rempli de jalousie, d’envie hostile et il craint qu’on ne l’humilie. Très profondément on voit bien que c’est un peu différent, l’ambiance n’est pas la même. Elle est plus raide chez le paranoïaque : faire rire un paranoïaque c’est compliqué. Faire rire un pervers narcissique surtout en phase de séduction n’est vraiment pas difficile surtout si vous avez envie qu’il rit.
Alexandre Dana est le fondateur de Live Mentor, institut de coaching d’entrepreneur. Dans son livre « Entreprendre et surtout être heureux »,